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Séparation de couples d'immigrés au Danemark : Une ministre en procès

Elle est accusée d'avoir contrevenu à la loi, en séparant d'office des couples demandeurs d'asile. Inger Støjberg, ex-ministre de l'Intégration du Danemark, est jugée à partir de ce jeudi, devant une Cour spéciale de justice, une procédure rarissime dans le pays scandinave.

"C'est le premier cas en 25 ans et il n'y en a eu qu'un seul de comparable (...) C'est historique", a déclaré à l'AFP, Frederik Waage, professeur de droit à l'Université du Danemark du Sud.

Pendant les 36 jours d'audience, les 26 juges de la Cour spéciale, qui ne se réunit que pour juger des membres du gouvernement, anciens ou présents, vont tâcher de déterminer si Mme Støjberg a violé la Convention européenne sur les droits de l'homme, en ordonnant la séparation de couples de demandeurs d'asile, lorsque la femme était mineure.

"Je m'attends évidemment à être innocentée", a déclaré, à son arrivée au tribunal, l'ancienne ministre de 48 ans. Elle doit témoigner à partir du 13 septembre.

En 2016, 23 couples, dont la différence d'âge était majoritairement peu importante, avaient été séparés, sans examen individuel de leur dossier, en vertu de la consigne donnée par la ministre libérale qui a, depuis, quitté le parti sans renoncer à son siège de députée.

Si initialement; des "informations incorrectes ou trompeuses" qu'elle aurait données en commission, constituaient une condition aggravante, elles n'ont finalement pas été présentées comme telles à la lecture de l'acte d'accusation.

En février, dans son discours au Parlement qui, conformément à la procédure, a adopté l'acte d'accusation préliminaire, elle avait estimé avoir "fait ce qui, selon moi, était la seule chose politique et humaine à faire", pour lutter contre les mariages d'enfants forcés.
"Imaginez que vous arriviez dans un pays comme le Danemark, un pays de parité, en tant que jeune fille victime d'un mariage forcé et que vous découvriez qu'au lieu de vous donner la possibilité de rompre votre mariage forcé, l'État vous y force, en vous logeant ensemble dans un centre d'asile", avait-elle plaidé.

Parmi les 179 députés du Folketing, 139 avaient voté en faveur de l'acte d'accusation, trente y étaient opposés et dix n'ont pas participé au vote.

AFP